Le temps a passé depuis que j'ai publié le sondage ci-dessous sur la perception que les collaborateurs ont de l'entretien annuel d'évaluation. Je pense qu'il est intéressant que vous jetiez un coup d'oeil aux résultats. Bien sur, quelques centaines de votes ne signifient pas une vérité. Les tendances donnent cependant à réfléchir.
Globalement, il me semble que l'effort consacré par les managers à l'exercice d'entretien annuel d'évaluation est perçu par les collaborateurs comme "insuffisant". Que penser autrement de la belle note sur "pour mon manager, les entretiens de fins d'année sont accessoires" ! Entre jugement et évaluation, le coeur balance, pourtant qui peut se permettre de juger. Que penser de la perception du temps de préparation des entretiens ? Pour la plupart des sondés, ils imaginent moins de 30 minutes de préparation d'un rendez-vous qui adresse les taches de toute une année ! Ensuite, on consacre 1 heure à l'échange lui-même pour environ 75% des votants. Enfin, ce qui ressort comme prépondérant, ce sont les échecs et comportements à améliorer davantage que les performances remarquables... Nos managers sont-ils si mal entourés ? D'ailleurs, il apparaît que très peu demandent une évaluation inverse : "au fait, cher collaborateur, que penses-tu de mon modèle de management ? Penses-tu que j'ai des pistes d'amélioration ?" Le manager hésite à descendre de son pied d'estale...
Le chantier de l'entretien annuel d'évaluation reste bien ouvert. On peut pourtant retenir quelques bonnes pratiques de l'exercice pour le manager. Je décline ici les 7 pratiques de l'étape 1 (l'étape d'évaluation) :
1 - Réserver plusieurs plages dans l'agenda (rendez-vous avec soi-même) pour préparer les entretiens de l'équipe.
2 - Analyser les documents remis par le département ressources humaines, reprendre les objectifs préparés en début d'année écoulée.
3 - Préparer une grille d'évaluation qualitative comme on a pu le voir dans l'article l'entretien annuel d'évaluation en 2 temps, avec les 4 colonnes dans lesquelles on rappelle les événements de l'année, triés en "contributions remarquables", "attitudes à encourager", "déceptions de l'année", comportements à améliorer".
4 - Préparer une grille quantitative qui s'appuie sur les chiffres qui ont servi de repères aux objectifs. Cette grille peut se structurer autour de 4 notes :
I = performance inférieure aux attentes,
II = performance conforme aux attentes,
III = performance supérieure aux attentes,
IV = performance exceptionnelle.
5 - Un par un, travailler les dossiers des collaborateurs en y consacrant le temps qualitatif nécessaire. J'insiste ! Passer le temps qualitatif nécessaire. Trop souvent, le temps trop court consacré à la préparation privilégie les résultats récents au détriment des accomplissements de toute l'année. Trop souvent, la grille quantitative parait suffire ! Or, on sait très bien que certaines contributions remarquables ne se traduisent pas toujours dans les chiffres : comment mesurer, par exemple, l'impact collatéral d'un collaborateur qui affiche en permanence une bonne humeur et un esprit de proposition sur la performance de ses collègues... N'est-ce pas une contribution remarquable au sens littéral du terme ?
6 - Programmer tous les entretiens (avant même d'avoir fini de les préparer). L'agenda est ainsi consolidé pour tous. Proposer 2 heures ne signifie pas que les 2 heures seront "consommées". Cela envoie le message que ce rendez-vous est un moment privilégié, et que le collaborateur aura tout le loisir d'échanger.
7 - Conduire les entretiens avec les oreilles et (j'ose dire) le coeur ouverts. Cet échange donne des indications essentielles pour la suite, les prochains objectifs de l'équipe, les évolutions de carrières, les conflits à résoudre ou prévenir et bien sur ses propres pistes d'amélioration en tant que manager. Dans la mesure de votre possible (c'est une piste d'amélioration pour tous) consacrez 75% de votre énergie d'entretien sur les aspects positifs de l'année.
Vous avez remarqué que j'insiste beaucoup sur la dimension positive dans l'évaluation. Stephen Covey l'explique avec talent lorsqu'il parle de l'emotional bank account dans son livre the seven habits of highly effective people. Les conséquences des messages négatifs (souvent disproportionnés) sont incalculables. Il nous faut recharger sans cesse les déficits que nous causons volontairement ou maladroitement chez les autres, en appuyant davantage, avec sincérité et sans manipulation sur le bouton positif. Tout un art...
Pour vous convaincre, votez à votre tour ci-dessous et regardez les résultats...
N'hésitez pas à commenter les questions et les résultats du sondage...