Ce schéma que ne renierait pas Saint Exupéry est une pâle tentative de description de ma représentation des mois de l’année.
Dans mon esprit, l’année est un doux mélange d’ellipse et de rectangle. Les mois n’ont pas la même taille : juillet et août sont disproportionnés, probable reste enfantin des grandes vacances. De janvier à fin juin, on est à la base de l’ellipse. Juillet part en angle vertical, et août vire à droite. Septembre replonge vers le bas. Cette vision intime n’est pas plane, elle est spatiale. Quand je vois mon dessin, je ne m’y retrouve que partiellement.
Les nombres aussi sont spatialement répartis dans ma tête, nombres positifs comme négatifs. La représentation est complexe, beaucoup de virages spatiaux se passent autour des nombres 20, 100, 120, 1000, 20000, etc... Le nombre 20 est probablement associé à la notation scolaire, ce qui tendrait à faire croire que la mise en place de ces représentations date de l’école primaire. En fonction du contexte, les représentations varient : ainsi, quand il s’agit de dates, l’an 2008 par exemple, la représentation est différente de si je facture 2008€. Expliquer tout cela en clair est complexe : ce qui est sûr, c’est que dès que j’ai un chiffre en tête, il se positionne dans l’espace.
Bien entendu, je suis inconsciemment persuadé que tout le monde a le même schéma dans la caboche. C’est la discussion d’avec Daniel qui a ramené à ma conscience ce drôle de phénomène intime et probablement unique dans sa forme.
J’en entends dire qu’ils associent certaines lettres à des couleurs. C’est ridicule. Pour moi, les lettres sont noires, un point c’est tout.
J’ai un autre syndrome naturel qui est la projection de mes observations vers le monde professionnel. Ainsi, quand nous nous affrontons sur les stratégies, le pouvoir, les priorités, les rôles, je pense qu’il est toujours utile de se rappeler que nous sommes gouvernés par de nombreuses représentations très personnelles, fruits de nos gènes et de notre histoire. C’est d’ailleurs pour cela que l’empathie dans le management est une clé majeure. Interroger, écouter, entendre, comprendre permettent de déceler les pistes possibles de motivation, les anges de résolution de crises, les possibilités de créer ensemble. La plupart des obstacles du travail en entreprise sont ailleurs que ceux exprimés par les symptômes : ainsi, essayez donc de me persuader que septembre est à gauche et que c’est un mois qui monte en diagonale, NO WAY ! En revanche, une simple discussion, une écoute attentive m’ont permis de remettre en conscience ce drôle de bagage que mon esprit tordu s’est fabriqué.
Alors plutôt que vouloir convaincre à tout prix, ne convient-il pas de partager nos représentations et voir ce que nous pouvons en faire de créatif ?