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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 00:00
Anecdote recueillie auprès d'un ami, cadre expérimenté en entreprise. Ce sont ses mots, suivi d'un commentaire...

 


 

"Mon boss : ah, je suis content d'avoir à mes cotés une personne d'expérience pouvant organiser, planifier, prévoir, intervenir, synthétiser, suggérer des actions...

Le lendemain : Justine (identité modifiée), y a un truc super urgent à faire... (c'est parce qu'il vient d'avoir un coup de fil d'un client !),  tu comprends il faut savoir s'adapter au marché, on est une petite équipe, faut être réactif, c'est bien ce que tu dis, mais il faut être concret, il faut que tu blablabla...
 
Résultat : depuis 6 mois, le périmètre du produit a changé 10 fois, la spec que j'ai tenté d'écrire au départ est inutile (le flyer que fait le boss est suffisant, surtout qu'il peut le changer quand il veut...), le prototype devient un gros truc lourd qui marche à moitié, qui a 1 an de retard, pas testé (ça prend trop de temps d'écrire le plan de test), vendu 10 fois. On va dans le mur et je suis le porteur de ce projet stratégique...
 
En résumé, quand j'essaie de prévoir et d'organiser, je suis montré comme un charlot et un technocrate. Quand je suis dans le b... ambiant, je suis peut être un peu accepté par mon chef et ses moutons, mais je pête un plomb à la fin de la journée."

 


 

Je m'interroge...

Ce cadre est expérimenté, probablement doté d'une solide conscience professionnelle. Il identifie "qu'on va dans le mur". Pourquoi ne dit-il pas NON à son boss ? Peur d'être saqué à l'évaluation de fin d'année ? Peur de perdre le client ? Peur de perdre son job ? Peur d'être mis à l'écart ? Peur d'avoir tort dans son analyse ?

Il n'est pas (encore) dans notre culture de management de dire : "non, boss, je ne suis pas d'accord avec ta demande qui est incompatible avec les objectifs que nous avons définis ensemble". Et le lendemain : "voilà les options que je te propose. Merci de m'aider à clarifier les priorités si je fais fausse route".

Le boss est boss donc il a raison. Ainsi, les projets arrivent avec un an de retard, coûtent 2 fois plus cher, les avenants ne sont pas facturés, les clients ne sont pas contents. Et qui est responsable de ce désastre à votre avis ?

Pourquoi les managers n'utilisent-t-il pas mieux l'intelligence de leurs équipes ? Est-ce par manque de savoir-faire, de méthode et/ou par manque de confiance en soi (phénomènes interdépendants) ? Pourquoi les équipiers n'osent-ils pas affirmer leur doute de manière argumentée et structurée ? Faut-il attacher son nom à un projet qui va dans le mur ?

Et si on apprenait un peu plus à dire un "non positif"... Après tout qu'est-ce qu'on risque ? 

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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 08:00
--- merci à Christian Apotheloz de m'avoir envoyé ce message ---


Le 12 juin 2005, Steve Jobs (PDG-fondateur d’Apple et de Pixar) fait aux diplômés de Stanford l’extraordinaire discours suivant. Pour ceux qui ne le connaissent pas (ce qui était mon cas jusqu’à ce matin), j’en recommande chaudement  la lecture, et la diffusion : c’est une remarquable leçon de vie.
On l’a déjà diffusé sur Internet ? Bien sûr, c’est là que le correspondant qui me l’a fait découvrir l’avait lui-même trouvé. Je lui en suis très reconnaissant et donc je fais pareil : je rediffuse.
Vous trouverez  ci-dessous la traduction en français.

Steve Jobs's Stanford speech (June 2005)


Traduction en français
«C’est un honneur de me trouver parmi vous aujourd’hui et d’assister à une remise de diplômes dans une des universités les plus prestigieuses du monde. Je n’ai jamais terminé mes études supérieures. A dire vrai, je n’ai même jamais été témoin d’une remise de diplômes dans une université. Je veux vous faire partager aujourd’hui trois expériences qui ont marqué ma carrière. C’est tout. Rien d’extraordinaire. Juste trois expériences.

 

 

Lire la suite ici...


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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 18:39

Plus j’avance dans mon métier, et plus j’en suis convaincu : quand on me dit “c’est facile”, je suis enclin à renvoyer à mon interlocuteur... “n’est-ce pas l’indicateur d’une de tes très grandes compétences ?”

Je m’interroge tout le temps sur mes propres compétences. On connaît l’anecdote : un consultant, c’est quelqu’un à qui on demande l’heure, il attrape votre poignet, vous annonce la réponse (en l’enrobant pour justifier ses gras honoraires), et en plus il vous pique votre montre. Au delà du clin d’oeil, qui n’est pas sans fondements - on apprend en permanence chez les clients, ce qui donne toujours plus de valeurs à nos interventions - l’écoute active représente une véritable compétence. A titre personnel, je ne vois pas la difficulté : il “suffit” de s’habituer à poser des questions, rester attentif aux réponses, s’éloigner de ses convictions internes pour comprendre ce que l’interlocuteur dit ou ne dit pas, mais signifie ! “Seek first to understand, then to be understood” écrit Stephen Covey. Facile quoi... pourquoi tout le monde ne fait-il pas cela ?

Je me souviens un dirigeant s’énerver au sujet de son équipe commerciale : “ce n’est pourtant pas difficile, dans la démarche commerciale, il suffit de faire cela, puis ça, puis ça, ensuite ça, et enfin ça”. Je l’arrêtai et lui fis remarquer : “top, regarde. En l’espace de 10 secondes, et sans t’en rendre compte, tu viens de me donner une méthode en 5 points.  Ces 5 points précisément, et l’ordre que tu enchaînes pour les réaliser et rendre tes négociations efficaces, cette méthode que ton expérience t’a apprise jusqu’à ce que cela devienne intuitif et inconscient, ce “comment faire” est probablement une très grande compétence. N’est-ce pas justement de ce “comment” dont a besoin ton équipe ? Et suffira-t-il de leur donner les 5 étapes ? Quelle est le meilleur moyen pour qu’ils s’approprient ce savoir faire ? Comment les impliquer pour qu’ils comprennent l’intérêt et l’ordre subtile des 5 étapes clés ? Comment leur donner envie d’améliorer la méthode ?"

Depuis que je teste ce concept “trop facile ne cache-t-il pas grande compétence ?”, j’accumule les réactions positives. Réveiller le criquet Gimini... à chaque fois que vous ne comprenez pas pourquoi les autres ne parviennent pas à faire quelque chose qui vous parait évident, portez la suspicion sur vos compétences... Peut-être touchez-vous au coeur de votre savoir-faire...


 
 Epilogue en contre-pied... A propos de compétences, aujourd'hui j'ai perdu une illusion. Je me croyais la puissance du mutant, le retour sur terre est terrible.
Nous avons récemment déménagé (désormais dans un village au nord d'Avignon). Or, j'admirais mon intuition irréprochable qui me faisait choisir systématiquement la bonne clé pour chacune des 3 serrures de la porte d'entrée. Quel talent ! A chaque fois, la bonne clé, trop fort !

Las, j'ai découvert tout à l'heure que les 3 serrures sont les mêmes et que les 3 clés du trousseau itou. L'intuition géniale n'était que cruel manque d'observation. Tant pis pour ma carrière de cambrioleur.
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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 23:15

J’ai récemment terminé l’animation d’une formation à “l’optimisation du temps”. A chaque fois, c’est un chantier risqué. Elever la conscience des participants qu’être la victime plus ou moins consentante, non pas de la tyrannie des autres, mais de nos propres peurs et limites, tout en leur donnant quelques pistes de reprise en main, demeure un défi. On est face à soi-même et à ses contradictions quand on essaie d’ouvrir le champ de vision de nos partenaires de vie. Qui suis-je donc pour oser questionner les autres, alors que j’ai mal à mes propres tourments ?

Pourtant, il faut bien reconnaître que si cette formation appelle des réactions souvent houleuses en introduction, elle finit par ébranler les plus sceptiques. Ce mot là “sceptique” était encore bien présent dans les attentes de la dernière session. De même que “on me l’a imposée”. Sommes-nous si sûrs de nous et de notre manière de faire pour ne pas donner une chance à une nouvelle approche, sommes-nous si soumis pour ne pas discuter avec notre “hiérarchie” ?

Je m’en suis encore tiré... un participant sceptique m’a discrètement dit à la pause qu’il allait tenter de clarifier ses propres objectifs. Un turbulent finissait la formation avec de nombreuses interrogations sur sa manière d’agir, sur la “forme”. Un autre plus posé alignait sa liste de prises de conscience. Nous nous retrouvons dans quelques mois pour faire le point, tentative d’ancrage pour ce qui est le plus difficile : changer nos façons de faire (et donc de voir).

Nous avons parlé méthode bien sur. Mais tout cela n’a guère d’importance. Ce que je crois c’est que nos attitudes, nos capacités à sortir de nos zones intimes de confort et de douleurs, sont au coeur. Pourtant, tout cela est absent de la politique d’investissement au profit des entreprises. J’en prends pour preuve la ridicule aberration de la convention de formation qu’il m’a fallu modifier 3 ou 4 fois. Cette convention, rappelons-le, permet à l’entreprise d’être remboursée par les organismes officiels. Ceux-ci ont en charge la très noble tâche de distribuer la manne étatique pour le bienfait du développement des collaborateurs. Les agents en charge ne sont pas en cause, mais bien la politique de répartition de la manne céleste. En effet, j’ai dû, peu à peu, retirer du “programme officiel” présenté dans la convention, tous les termes relatifs à “l’attitude”, le “comportement”, le “développement de l’efficacité personnelle”, le mot “personnel” d’ailleurs était lui-même proscrit. Tout cela au bénéfice des mots “connaissances”, “savoirs”, “méthode”. Cela me rappelle les éternels débats français sur l’école, qui privilégie le bourrage de crâne à l’apprentissage de la vie. A ce propos, nous avons mis 2 enfants dans une
école Steiner... une “renaissance” de l’intérêt pour l’école (fin de digression).

Bien entendu, si j’ai modifié les conventions de formation pour qu’elles soient propres et nettes - et que mon client soit remboursé des efforts qu’il investit pour le développement de ses cadres, je n’ai pas changé les fondamentaux de la session. Les participants ont-ils intégré une méthode ? Probablement. Est-elle universellement efficace ? Ce serait bien prétentieux que répondre par l’affirmative. Les participants vont-ils tous changer ? Répondre “oui” friserait l’imposture. Une bonne partie est-elle rentrée avec quelques questions personnelles à approfondir ? Sans doute. Quel sera l’impact de cette formation sur l’efficacité des stagiaires ? J’ai envie d’inverser le propos : qu’a-t-on retenu des milliers (dizaines de milliers) d’heures où des prophètes du savoir nous ont contraints à les écouter, sans consulter notre intérêt ? L'impact de la formation sera, je crois, ce que chacun en décidera...

“Optimiser son temps”, n’est-ce pas simplement observer ce que l’on fait de notre vie, et par petites touches, tenter d'infléchir ce qu'on peut ?
L’entreprise du savoir...

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8 septembre 2008 1 08 /09 /septembre /2008 18:21
Aucune publication depuis tant de semaines... à se demander si j'ai disparu de la blogosphère. Que nenni, en fait, j'ai pris 18 semaines de vacances.

Questionnaire à choix multiples pour mes fidèles lecteurs :
1 - il exagère
2 - il ment
3 - il a de la chance
4 - il a gagné au loto
5 - il ne sait plus quoi écrire

--- sélectionnez la/les bonnes réponses et gagnez un voyage de 18 semaines pour la destination de votre choix---

Pour ce qui me concerne, l'un des détours inattendus de l'été m'a fait visiter le cloître de l'abbaye de Saint Hilaire, petit village du Languedoc. L'expo de la salle à manger me paraissait peu avenante, eu égard aux masques étranges faisant face à de petits poèmes locaux... pensez donc, le Jacques Noël, auteur de ces vers, est commerçant à Saint Hilaire. A y bien regarder, sa série de quatrains m'a interpellé, comme quoi le commerce mène à tout. Je vous en livre un premier :


 
De la difficulté d'assembler notre propre cohérence... 
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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 07:58
Il est de notoriété publique que je suis fan des produits Apple... Mais, ainsi que je le disais à l'un de mes clients récemment, il vaut mieux avoir des amis qui nous disent la vérité. Ceux qui ne nous la disent pas sont des flatteurs, et les flatteurs, ça finit par coûter cher...

Lassé des problèmes de synchronisation entre mon téléphone pocket PC avec mon Mac, j'utilise donc depuis quelques jours l'iphone d'Apple. Comme d'habitude, sur le plan ergonomique et pour ce qui est de la finition, le produit est remarquable. De nombreuses fonctionalités et l'accès à internet, tout cela fort adroitement commenté et "publicisé", apparaissent comme différentiateurs et convaincaints. J'ai un peu de mal à me passer du stylet (la reconnaissance d'écriture ne fait pas partie des choix retenus), et j'apprends à écrire avec une puis deux mains sur un écran tactile redoutablement sensible.

Il me faut cependant relever plusieurs hics, qui seront j'espère corrigés dans les temps à venir. A ce propos, j'ai vainement cherché sur internet le plan de développement des fonctions de l'iphone, sans succès. Si l'un de mes lecteurs connait ce plan, cela m'intéresse.

2 premiers hics qui me gènent fort pour ce qui concerne la gestion de mon temps :

a - il n'y a pas l'outil "tâches" intégré de la messagerie ical. C'est fort malencontreux car, associé aux engagements d'horaires, les tâches à faire pour telle ou telle date me viennent en tête à n'importe quel moment du jour ou de la nuit. Je n'ai pas toujours mon macintosh sur moi... et la synchronisation des tâches est absolument nécessaire.

b - dans l'agenda de l'iphone, il n'y a pas de vision hebdomadaire. Franchement ennuyeux, car la vision en "liste" ne remplace pas l'affichage d'une semaine : en effet, l'affichage en semaine permet une observation relative de l'emploi du temps. Ainsi, quand je prends un engagement, je regarde toujours, en un coupe d'oeil, quelle est la charge prévisionnelle de la semaine concernée. Apple a besoin d'un consultant en gestion du temps, c'est manifeste !

2 autres hics sont consternants : il n'y a pas de fonction couper/copier/coller,
pas d'outil de recherche. Si l'absence de la première gène car elle oblige à des resaisies permanentes, la deuxième mérite aussi un carton rouge : ne vous arrive-t-il jamais de vous souvenir du prénom de quelqu'un mais pas de son nom (ou l'inverse) ? Avec un outil de recherche, au moins dans le carnet d'adresses, le problème est résolu en une fraction de seconde.

L'absence de ces fonctions de base me ferait mettre une fort mauvaise note au produit, n'était son exceptionnel design, ergonomie et interface intuitif. Je mise sur la lucidité des visionnaires d'Apple pour redresser ces torts au plus vite, et que ce soit accessible en téléchargement.

NB : j'ai moyennement apprécié d'apprendre que l'iphone que j'ai acheté il y a 2 ou 3 semaines, a vu son prix divisé par 2,5 à présent. Grrrrrrrrrrrrrrrrrr !
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25 mai 2008 7 25 /05 /mai /2008 10:25
C’est mon frère Daniel (ils sont décidément importants mes frangins...) qui un jour m’a fait prendre conscience d’une de mes représentations mentales. Je suis “synesthètes“ dans le langage scientifique... Je ne crois pas que ce soit grave et je ne me soigne pas :-)

Ce schéma que ne renierait pas Saint Exupéry est une pâle tentative de description de ma représentation des mois de l’année.

Dans mon esprit, l’année est un doux mélange d’ellipse et de rectangle. Les mois n’ont pas la même taille : juillet et août  sont disproportionnés, probable reste enfantin des grandes vacances. De janvier à fin juin, on est à la base de l’ellipse. Juillet part en angle vertical, et août vire à droite. Septembre replonge vers le bas.  Cette vision intime n’est pas plane, elle est spatiale. Quand je vois mon dessin, je ne m’y retrouve que partiellement.

Les nombres aussi sont spatialement répartis dans ma tête, nombres positifs comme négatifs. La représentation est complexe, beaucoup de virages spatiaux se passent autour des nombres 20, 100, 120, 1000, 20000, etc... Le nombre 20 est probablement associé à la notation scolaire, ce qui tendrait à faire croire que la mise en place de ces représentations date de l’école primaire. En fonction du contexte, les représentations varient : ainsi, quand il s’agit de dates, l’an 2008 par exemple, la représentation est différente de si je facture 2008€. Expliquer tout cela en clair est complexe : ce qui est sûr, c’est que dès que j’ai un chiffre en tête, il se positionne dans l’espace.

Bien entendu, je suis inconsciemment persuadé que tout le monde a le même schéma dans la caboche. C’est la discussion d’avec Daniel qui a ramené à ma conscience ce drôle de phénomène intime et probablement unique dans sa forme.

J’en entends dire qu’ils associent certaines lettres à des couleurs. C’est ridicule. Pour moi, les lettres sont noires, un point c’est tout.

J’ai un autre syndrome naturel qui est la projection de mes observations vers le monde professionnel. Ainsi, quand nous nous affrontons sur les stratégies, le pouvoir, les priorités, les rôles, je pense qu’il est toujours utile de se rappeler que nous sommes gouvernés par de nombreuses représentations très personnelles, fruits de nos gènes et de notre histoire. C’est d’ailleurs pour cela que l’empathie dans le management est une clé majeure. Interroger, écouter, entendre, comprendre permettent de déceler les pistes possibles de motivation, les anges de résolution de crises, les possibilités de créer ensemble. La plupart des obstacles du travail en entreprise sont ailleurs que ceux exprimés par les symptômes : ainsi, essayez donc de me persuader que septembre est à gauche et que c’est un mois qui monte en diagonale, NO WAY ! En revanche, une simple discussion, une écoute attentive m’ont permis de remettre en conscience ce drôle de bagage que mon esprit tordu s’est fabriqué.

Alors plutôt que vouloir convaincre à tout prix, ne convient-il pas de partager nos représentations et voir ce que nous pouvons en faire de créatif ?

Message dédié à Daniel
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24 mai 2008 6 24 /05 /mai /2008 18:11
Il était une fois...

J'étais alors responsable d'un projet qui consistait à faire que le cordonnier soit mieux chaussé. En clair, il s'agissait de transformer les employés Gemplus en premiers usagers des mille et une utilisations intelligentes de la carte à puce dans le monde professionnel. C'était il y a si longtemps... avant le fameux 11 septembre, vous rendez-vous compte !

Ce matin, j'entends ma Sandrine pester contre la multiplication des mots de passe à retenir... ça m'a rajeuni.

Or donc, en ces temps reculés, la petite équipe de développement fort créative que j'avais récupérée dans mon service, avait mis au point un prototype appelé "Smart Password". L'idée très simple m'avait plu, d'emblée. Il s'agissait d'utiliser une carte à puce branchée sur le PC, et dont la mission était d'enregistrer de manière sécurisée tous les mots de passe de la vie courante : applications internes ou internet. Nous avions lancé une opération pilote auprès d'une centaine d'utilisateurs ravis : désormais, il n'y avait que le code de la carte à retenir pour déambuler d'une application à un site internet, sans avoir à se préoccuper des mots de passe à présenter. La carte les stockait de manière sécurisée. The comfort, isn'it ?

La belle histoire devait trouver une fin heureuse. Avec toute mon équipe, nous entamâmes une opération "promotion/séduction" auprès de la direction générale : une demi-douzaine de présentations de tout ce que l'équipe avait mis au point, Smart Password mais aussi les autres applications du programme GemPrivilege. Tout le monde était emballé, et, anecdote suffisamment parlante pour la signaler, toutes les démos fonctionnèrent. Aussi incroyable que cela puisse paraître pour les experts du développement :-) Le bonheur...

Bilan formidable sauf que, sauf que... dans la coulisse se préparaient les grands chambardements de l'organisation de l'entreprise. Si l'enthousiasme des grands directeurs était patent, aucun ne souhaita endosser la responsabilité (le Sponsoring) du déploiement des applications dans l'entreprise. En substance, le message était : "super boulot de ton équipe Laurent, bravo ! Mais bon, j'ai d'autres chats à fouetter" (pauvres bêtes). Penauds, nous décidâmes donc d'arrêter totalement le projet. Toute l'équipe fût répartie dans d'autres entités de l'entreprise.
 
Quelques jours après cette tragique décision, je participai à une réunion produit. Le sujet : "faut-il tuer Smart Password ?" Le jeune développement tremblait dans ses lignes, la grandeur du marketing allait décider de son sort. Au milieu de la réunion (sentant mes démangeaisons de création d'entreprise me chatouiller), je lançai : "certes, vous pouvez décider d'arrêter le produit. Cela dit, si tel est votre décision, je suis intéressé à créer une start-up sur ce sujet". Un grand opérateur avait signalé son intérêt pour le concept, alors que nous n'en avions fait que peu de publicité. L'argument porta-t-il, je l'ignore. Toujours est-il que le comité produit décida de continuer le développement en rajoutant 2 ou 3 fonctionnalités "mineures".

Six mois plus tard, le produit était devenu tellement complexe - et par conséquent inopérant - qu'il fut abandonné.

Il alla donc rejoindre ces fameuses poubelles à projets des grandes entreprises. Elles sont pleines d'innovations étouffées dans l'oeuf...

<message dédié à Anthony, Christian, Cécile et les autres...> 
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13 mai 2008 2 13 /05 /mai /2008 12:02

J'ai reçu il y a quelques jours le message suivant d'un lecteur :

"Cher Monsieur,
 
Nous avons eu, hier, avec quelques amis, une discussion vive sur ce qu'est le management.
L'origine du désaccord réside dans le fait que certains pensaient qu'un manager ne peut pas changer de secteur d'activité.
Un manager performant dans le domaine de la mode, ne peut pas endosser les mêmes responsabilités dans le domaine médical ou industriel car il ne connait pas son environnement. Un recruteur ne perdrait pas de temps à chercher un bon profil, il privilégierait plutôt le candidat qui connait le mieux le marché : clients, produits, ....
Je maintenais le contraire, un mng peut très bien réussir dans un autre domaine d'activité pourvu qu'il ait acquis les compétences managériales dans son cursus.
C'est même pour moi une preuve d'adaptabilité.
 
Qu'en pensez-vous ?"


Pour lire la suite, cliquez ici

Un certain nombre d'articles de ce blog migrent vers le site http://je-suis-manager.com/ qui a pour vocation de professionnaliser et moderniser la proposition. Merci de votre compréhension.

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15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 11:09
J'aime à partager quelques observations simples de la vie courante, qui, à titre personnel me font méditer...

Il y a quelques jours, j'ai acheté une voiture. Mon assureur, avec qui j'ai d'excellentes relations depuis des années et qui m'étonne toujours par la qualité de l'accueil et la recherche de solutions - j'ai nommé la MACIF - me propose de me préter de l'argent. Son offre est compétitive et je la retiens. Nous faisons rapidement un dossier. Je reviens 2 jours plus tard pour conclure, je suis reçu par une autre conseillère, qui reprend sans problème l'offre de prêt. Adminstration faite, elle sort un carnet de chèques et,
derechef, m'en signe  un du montant du crédit : 10.000€. Chaque conseiller semble en mesure d'engager l'entreprise financièrement...

Chapeau pour le service, la vitesse, la capacité de délégation, la confiance dans les collaborateurs !

Inversement, j'ai récemment échangé avec un manager d'une grande organisation. Il m'expliquait comment le patron du département (quelques centaines de personnes), était le seul habilité à signer les courriers du service. Imaginez la lourdeur, la célérité, l'absence de responsabilisation !

Pourquoi
d'un coté une entreprise se permet-elle de laisser tant de champ d'actions à ses collaborateurs, alors qu'une autre les bride à ce point d'initiative ? Y aurait-il plusieurs catégories d'êtres humains : ceux dignes de confiance et ceux indignes... et seraient-ils regroupés par catégorie dans les entreprises ? Plus sérieusement, ces signes ne reflètent-ils pas des politiques de management et des visions différentes...

Le fond et la forme des délégations que nous mettons en place dans nos entreprises, voilà un beau sujet de séminaire de management...
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Depuis 2004, je partage des expériences, anecdotes, outils de management : optimiser son temps, manager son équipe, manager son chef, diriger un projet, travailler en intelligence collective. Je propose une démarche inspirée de la vie professionnelle et de la vie au sens large. J'espère que vous y trouvez de l'inspiration pour devenir le manager que vous rêvez d'avoir. Bonnes lectures...

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